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Николай Одинцов - Contes de l'empire Primorskoie tsarstvo



Chers enfants! Chaque papa vous raconte des contes qu'il a lui-même lus ou que ses parents lui racontaient quand il était petit. Or, bien souvent il arrive que papa oublie la moitié de l'histoire, ou même qu'il ne se souvienne plus de rien, si ce n'est du nom du héros principal. Alors il se met à inventer son propre conte, parfois bien meilleur que celui qu'il avait lu autrefois.

C'est ainsi que naquit une série de contes qu'un papa racontait à ses enfants adorés et, voyant avec quel intérêt ils l'écoutaient chaque soir, ce papa se décida à vous en faire profiter vous aussi. Ce sont les "Contes de papa". Et s'ils vous plaisent et que vous ayez envie de savoir ce qu'il advint ensuite, écrivez à ce papa ou demandez au vôtre, et vous recevrez ainsi une nouvelle série de contes qui seront encore plus intéressants, instructifs et divertissants. Mieux, encore, vous pourriez composer vous même vos propres contes et nous les envoyer à la rédaction. Nous ne manquerons pas de les publier. D'autres garçons et filles pourront les lire et se réjouir avec vous des aventures des héros.

Avec beaucoup d'amour pour vous et de respect pour vos parents,

l'auteur des "contes de papa".

I

Conte du tsar Agaphon et de son empire Primorskoie tsarstvo

Il était une fois le tsar Agaphon. Il régnait sur Primorskoié Tsarstvo. C'était un petit royaume comprenant tout au plus deux forêts, deux rivières et un marais où se cueillaient les airelles. Comme son nom l'indiquait, le Primorskoié Tsarstvo s'étendait en bordure d'une mer immense. Des bâteaux sillonnaient cette mer immense et transportaient des marchandises. Le royaume était fier de ses deux villes et de ses huit villages. La capitale s'appelait Karass. C'est là que se trouvait le palais du tsar, où ce dernier résidait, rendait la justice et recevait les ambassadeurs étrangers. La ville devait son nom étrange à sa situation sur les bords du lac de Karass, dont les eaux regorgeaient de carassins. Chaque matin les pêcheurs sortaient et revenaient les filets pleins de carassins, mais il y en avait toujours autant le lendemain. Le nom de sa capitale déplaisait beaucoup au tsar. Il aurait aimé pour elle un nom un peu plus solennel. Un nom comme Vitiazgrad ou encore comme Gorod-Bogotyreï par exemple, en l'honneur des preux et des chevaliers, ou bien pourquoi ne pas appeler la ville tout simplement Gorod Agaphon en l'honneur de son tsar? Cette dernière variante lui souriait le mieux. Hélas, cela ne passa jamais dans les moeurs. En dépit des moult décrets du tsar, tout le monde continuait à appeler la ville Karass. Une haute tour abritait la résidence d'un scribe. Il inscrivait tout ce qui se passait au palais. Toute la tour était comme tapissée d'armoires emplies de livres. Et dans ces livres était consignée toute l'histoire de l'empire Primorskoié Tsarstvo depuis les temps les plus anciens, depuis l'époque même où le très puissant chevalier Slavodol était arrivé avec sa tribu sur les rives du lac Karasseï et avait fondé la ville de Karass. A cette époque si lointaine les manuscrits n'étaient pas encore sous forme de livres mais sous forme de rouleaux.

La capitale avait aussi son école. Les petits garçons y étudiaient les différentes sciences. Agaphon était très fier de cette école: "Nous avons une école et les sciences ici progressent. Tandis que nos voisins n'ont rien de tel, ce sont des barbares incultes". Mais l'école était interdite aux petites filles. Agaphon pensait que les femmes étaient plus bêtes que les hommes et qu'elles ne devaient pas étudier. Sa propre fillette Alionouchka ne cessait de lui demander: "Papa, laisse-moi aller à l'école, je veux apprendre à lire et écrire, je veux lire des livres!". Rien à faire, Agaphon ne cédait pas.

– Non, tu restes à la maison! Apprends à carder la laine et à coudre des roubachkas! Voilà toute l'école qu'il te faut! – répondait-il.